numérique

Octobre 2020 - publication SNES CGT

Le numérique a bouleversé en profondeur les pratiques pédagogiques et constitue un outil important pour l’enseignant en terme de diversification des apprentissages. Il permet également la gestion des masses de données administratives. Les politiques concernant le numérique dans l’éducation revêtent toutefois un caractère complexe et nébuleux. Les personnels voient se succéder les annonces, plans et injonctions : un jour l’ENT,l’autre les manuels numériques, puis les tablettes ou la numérisation, sans que la cohérence del’ensemble ne soit évidente, ni que les moyens de fonctionnement soient toujours attribués. Les prescripteurs sont multiples : l’État, les établissements, les personnels, les collectivités territoriales, parfois dans le cadre de partenariats publics-privés rarement transparents décidés par certains et qui contraignent les autres. Se pose en particulier la question du financement de l’Ed-tech par l’Éducation nationale, que nous considérons injustifiée. À ce maquis du « qui décide de quoi, qui paye quoi et qui fait quoi » s’ajoute celui du bon usage et de la protection des données numériques. La communication se joue de la cohérence et dela protection des personnels et des élèves. Le SNES-FSU et la CGT Éduc’action demandent que l’École définisse ses propres cadres selon ses besoins et ses objectifs et non qu’elle cherche à s’adapter aux injonctions du marché ou aux aléas de la communication politique. Dans cette logique, le numérique doit faciliter la tâche de l’enseignant et les apprentissages des élèves et non être une source de stress supplémentaire. Dans un contexte où le confinement a renforcé le poids du numérique éducatif, cette publication a pour ambition de donner aux personnels quelques clés de compréhension des enjeux du numérique à l’Éducation nationale, afin d’éclairer les décisions et les pratiques.

Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe du SNES-FSU
Patrick Désiré, secrétaire général de la CGT Éduc’action

Enquête FSU

FOAD

Chic alors ! Le stage sur les nouveaux programmes d'histoire-géographie de quatrième qui avait été supprimé au troisième trimestre de l'année dernière – plus de crédits pour les frais de transport - aura finalement lieu le 3 novembre (deux mois après la rentrée, quand même...). Nous allons pouvoir échanger entre collègues sur les méthodes à employer pour appliquer au mieux les nouveaux programmes...

J'en salive déjà, même si j'apprends que ce sera une FOAD (formation ouverte à distance), c'est-à-dire un stage en téléconférence. Allez, pas de pessimisme, après tout il faut vivre avec son temps !

Je suis convoqué dans mon établissement à 9h00. J'arrive avec une demi-heure d'avance (au cas où il faudrait entrer des codes compliqués...). On m'a réservé un petit bureau dans le bâtiment de l'administration, rien que pour moi, avec un ordinateur dernier cri, un casque et un micro. Toute l'administration est là pour m'aider à ouvrir la session sur le logiciel Saba Centra. Ça prend vingt minutes, mais tout le monde fait de son mieux et ça finit par fonctionner, le retard étant paraît-il dû à un problème avec JAVA. L'aventure commence.

L'IPR te parle, humble mortel.

Première désillusion, la FOAD n'est pas une téléconférence ! Il n'y a pas de webcam. Nous ne nous voyons pas. Nous ne pouvons qu'écouter la vérité qui descend d'Internet. Quelque part, dans un endroit secret, les IPR parlent. Nous sommes 110 dans toute l'académie à les écouter, religieusement.

Heureusement la FOAD est interactive ! Il y a quatre icônes sur lesquelles nous pouvons cliquer à tout instant : l'icône OUI, l'icône NON, l'icône APPLAUDISSEMENTS et l'icône RIRE ! Il y a aussi une fenêtre de discussion au clavier, mais on ne peut tchater qu'avec les IPR - impossible d'échanger avec les collègues – et les IPR ne répondent qu'à la fin de leurs exposés. On se risque quand même à taper au clavier :

« Bonjour, est-ce que quelqu'un me reçoit ? » « Oui, on vous reçoit. » C'est une émission de radio où on peut envoyer des SMS. Les dieux de la pédagogie s'expriment, les humbles professeurs écoutent.

Je dois rester concentré, je dois rester concentré, je dois...

Il y a beaucoup de choses à dire, les IPR parlent très vite, on ne peut pas prendre de notes. Ce n'est pas grave, la bibliographie et les documents seront disponibles sur Internet. Donc on pourra les imprimer, à nos frais...

La médiologie a théorisé que la moitié des informations qui s'échangent dans une conversation sont non verbales. La présence de l'orateur compte autant que son discours. La FOAD prouve cette théorie empiriquement : rester concentrer trois heures de suite relève de la gageure. De toute façon devenir animateur radio, ça ne s'improvise pas : avoir l'agrégation n'est pas suffisant : il faudrait avoir fait du théâtre, savoir poser sa voix. N'est pas Maurice Schumann qui veut.

Testez FOAD !

Inscrivez-vous à une FOAD. Ça fait réfléchir : la suppression de la formation IUFM pour les stagiaires ne suffisait pas. Pour supprimer vos frais de trajet, la FOAD transforme les stages en émission de radio. A quand les classes FOAD ? Chacun chez soi, le casque sur les oreilles, bavardages impossibles, discipline inutile, économies à tous les étages. FOAD : le nec plus ultra de l'outil pédagogique !

Nicolas MATHIEU - NOVEMBRE 2011